- Qu’est-ce que l’ARCG, quelles sont ses missions, ses compétences ?
- Pourquoi avoir choisi ce thème du domicile ?
Le domicile reste de très loin le lieu préféré des Français pour y finir sa vie. Il est aussi l’espace où interviennent une grande majorité des aidants. Le discours politique a toujours privilégié le domicile. Cet espace privé est donc au cœur du vieillissement !
Néanmoins, si la réponse Ehpad aux besoins des personnes âgées nécessitant une aide à l’autonomie est sortie très affaiblie de la crise sanitaire Covid 19 et du scandale Orpea, le virage domiciliaire annoncé par les pouvoirs publics au vieillissement de la population ne s’est pas incarné dans les politiques impulsées par l’État et les collectivités départementales.
Que reste-t-il de la promesse d’une loi grand âge dans la loi dite Bien vieillir promulguée en avril 2024 ? Elle devait réformer profondément non seulement la tarification et le financement des Ehpad mais aussi et surtout ceux des Services d’Aide et d’Accompagnement à Domicile à but non lucratif. La fusion des Services de Soins Infirmiers à Domicile (SSIAD) n’a fait qu’accentuer leurs difficultés. Seule réponse concrète de ce virage domiciliaire des politiques publiques la promotion des habitats inclusifs impulsée par la loi ALUR.
Le virage domiciliaire nécessite des politiques de temps long, avec des budgets pérennes et robustes, et une organisation des politiques publiques qui sorte d’un enchevêtrement inefficace et avec un refus de la marchandisation du grand âge. Un « Plan grand âge » devrait être présenté cet automne…
- Quelles sont les thématiques abordées ?
Les fonctions et les rôles que joue le domicile, lieu de vie privilégié au grand âge, espace d’accompagnement et de soin, territoire de l’aidance plantera le décor. Ce chez-soi a une importance pour nous tous, mais plus encore avec l’âge. Liberté, protection, insertion sociale, ancrage dans un environnement de services, intimité et identité, histoire personnelle…
Les nouvelles formes d’habitat qui commencent à se développer sont également abordées. Habitats partagés, béguinages, appartements dédiés au sein d’un immeuble, habitats inclusifs, constituent des alternatives intéressant de plus en plus de personnes âgées. Ces alternatives au domicile et à l’institution posent différemment la question du « chez-soi ».
S’il y a bien le choix entre différentes façons d’habiter au grand âge, comment recueillir la parole des personnes, de quelle manière leur permettre d’exprimer leurs désirs, leurs choix en connaissance de cause. Les démarches participatives constituent une approche respectueuse du pouvoir d’agir. Il s’agira d’exposer comment les mettre en œuvre.
Le dispositif de soutien à domicile quand surviennent des problèmes de santé, des incapacités, l’isolement ou la solitude, sera interrogé. Comment interagissent les habitants, les aidants et les professionnels dans cet espace personnel, intime ? Coordination, coopérations, le tricotage de l’accompagnement dans un univers quotidien n’est pas toujours sans tensions.
Les acteurs de ces situations ont à respecter les textes et les souhaits des personnes, à prendre en compte l’infinie variété des situations domiciliaires, à s’interroger et d’agir. Bien évidemment, la réflexion et les démarches éthiques sur les conditions et les limites de l’accompagnement à domicile nous accompagneront tout au long de la journée. Le risque de maltraitances et la bientraitance ne seront pas absents de cette journée de réflexion.
- Qu’est-ce qui vous a déterminé à organiser une journée de colloque à Bordeaux en collaboration avec l’Oareil et l’université de Bordeaux ?
L’Oareil est partie prenante de l’ARCG depuis de nombreuses années au titre de ses compétences, notamment en matière de formation gérontologique et de lutte contre la maltraitance des personnes âgées. Sa gestion de l’Université du Temps Libre lui permet d’être en contact avec de très nombreuses personnes directement concernées par l’avance en âge.
Par ailleurs, Bordeaux et sa région se sont dotés au fil de l’histoire d’un réseau d’acteurs gérontologiques particulièrement dynamiques. Il nous a paru important de venir à leur rencontre pour échanger sur cette problématique essentielle.
La collaboration entre l’université de Bordeaux et l’Oareil est une histoire commune depuis près de 50 ans, l’université ayant créé l’Oareil afin d’assurer un certain nombre de missions gérontologiques dépassant son périmètre d’action. Cette journée est l’expression d’un intérêt commun jamais démenti.
- Il était important pour vous de permettre de suivre le colloque à distance ?
La crise Covid a contribué à banaliser les visio-conférences. La prise de conscience des enjeux écologiques du réchauffement climatique fait le reste. L’ARCG est un réseau national. De province à province les temps de déplacement sont longs, voire coûteux. Nous ne voulions pas non plus proposer juste un « webinaire ». Les deux formules, présentiel et distanciel, nous ont paru une bonne solution.
- L’ouvrage est offert à toute personne inscrite à votre journée. C’est plutôt rare !
Oui c’est plutôt rare mais cela correspond à notre espoir de pouvoir engager un dialogue avec notre auditoire à partir d’une réflexion structurée et rédigée. Procédure qui nous paraît plus efficace que la rédaction d’actes que personne ne lit.